Les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina-Faso, deux nations voisines, sont de plus en plus tendues. Ceci en raison de la décision controversée du Burkina-Faso de faire rapatrier quatorze enfants de troupe en formation à l’École Militaire Préparatoire Technique (EMPT) de Bingerville, au sud de la Côte d’Ivoire.
Ce sont 14 enfants burkinabés notamment deux élèves dans chaque classe de 6ème en 3ème, deux élèves en classe de 2nde C, deux élèves de 1ère D et deux élèves de Terminale C qui se voient contraints de quitter la Côte d’Ivoire à la demande des autorités de leur pays. Cette décision unilatérale suscite des interrogations sur l’état de la coopération militaire entre ces deux pays. Il est essentiel de se demander si cette action reflète une rupture progressive des relations diplomatiques qui existaient, ou du moins, qui étaient présumées exister. Il est à noter que le Burkina-Faso affirme avoir pris les mesures nécessaires pour que ces enfants de troupe puissent poursuivre leur formation dans leur pays d’origine. Néanmoins, les circonstances exactes qui ont conduit à cette décision restent obscures.
Des relations diplomatiques secouées par une crise frontalière ?
Il est crucial de rappeler qu’environ un mois et demi après l’arrestation de deux gendarmes ivoiriens entrés accidentellement en territoire burkinabé, des négociations discrètes ont débuté entre Ouagadougou et Abidjan, selon Jeune Afrique, concernant la frontière qui sépare les deux pays. Les enjeux de sécurité, de migrations et de commerce sont intrinsèquement liés à la question des frontières, mais les implications s’étendent également aux relations diplomatiques entre les deux pays.
Bien que de tels incidents ne soient pas nouveaux, le refroidissement significatif des relations diplomatiques entre les deux pays est un phénomène récent. Les liens se sont déjà distendus avec le coup d’État du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) en janvier 2022, puis lors du coup d’État mené par les troupes d’Ibrahim Traoré neuf mois plus tard.
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La France et le Sahel : l’influence géopolitique dans le conflit Burkina-Faso/Côte d’Ivoire
Un autre coup d’État, cette fois au Niger, a fortement tendu les relations diplomatiques entre Abidjan et Ouagadougou. Les deux pays se sont fermement positionnés dans des camps opposés : le Burkina Faso, dirigé par des militaires, a soutenu les putschistes ayant destitué le président nigérien Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier.
En revanche, la Côte d’Ivoire a condamné le coup d’État et appuyé la décision de la Cédéao de lancer une offensive militaire, s’alignant sur la position de la France. Une démarche de plus en plus complexe à maintenir dans un Sahel où grandit le sentiment anti-français. Bien que la Côte d’Ivoire soit perçue par un nombre croissant de pays d’Afrique de l’Ouest comme un allié de la France, les deux pays ne peuvent se permettre d’être en froid total. Ils ont besoin l’un de l’autre pour lutter contre la menace djihadiste, mais aussi pour réguler l’afflux de Burkinabés déplacés par l’avancée des groupes terroristes, qui trouvent refuge en Côte d’Ivoire.
Les défis sécuritaires, migratoires, et économiques sont autant de facteurs qui contribuent à cette situation. Les dirigeants de la Côte d’Ivoire et du Burkina-Faso doivent œuvrer ensemble pour surmonter ces différences, rétablir une coopération mutuellement bénéfique, et garantir la stabilité de la région.
Steven Edoé Wilson