Prolongation de la transition malienne: confiscation du pouvoir par la force et la ruse par Assimi Goita ?
Ces derniers jours l’annonce d’une éventuelle prolongation de la transition malienne de six mois à cinq ans soulève autant d’inquiétudes. La proposition de ce nouveau chronogramme électoral tant attendu par les populations et autres partenaires du Mali n’a malheureusement pas produit l’effet escompté. Alors se pose toujours la question du retour à l’ordre constitutionnel au Mali.
Cette prolongation de la transition malienne serait-ce une manœuvre du colonel pour conserver le pouvoir ? Malgré les efforts démocratiques, le Mali est-il en train de se diriger vers une nouvelle dictature ? La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) saura-t-elle vraiment faire fléchir la junte dans ses ambitions ? Rappelons que ce souhait de prolongement de la transition fait suite aux résolutions des Assises nationales de la refondation au Mali.
La prolongation de la transition malienne, une volonté de rester au pouvoir
Selon plusieurs acteurs politiques maliens, la proposition d’une prolongation de la transition malienne n’a pas sa raison d’être. Elle ne fait que révéler la volonté manifeste du président de la transition Assimi Goita de se maintenir dans ses fonctions. De plus sa façon de gérer le pays, le met davantage en position dominante.
Pour preuve le projet du nouveau chronogramme n’a pas fait l’objet de discussions avec les différents acteurs politiques. Il en est de même pour son gouvernement qui se comporte comme un gouvernement totalement élu dans ses décisions. Or la priorité de l’heure doit être l’organisation des élections libres, transparentes, crédibles et inclusives dans les plus brefs délais.
D’après le gouvernement, la prolongation de de la transition malienne est motivée par la nécessité de réaliser plusieurs réformes en amont des élections. C’est-à-dire une réforme de la Constitution, l’adoption d’une nouvelle loi électorale, la mise en place d’un organe unique de gestion des élections et l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays.
Concrètement, durant la période de prolongation de la transition malienne, il sera question de tenir d’un referendum constitutionnel en janvier 2024. Les élections législatives et sénatoriales couplées seront réalité en novembre 2025. L’élection présidentielle quant à elle sera effective au plus tard en décembre 2026.
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Une intervention décisive de la Cédéao
Pour faire le démêlé avec cette nouvelle donne, le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan, s’est rendu à Bamako ce mercredi. Une intervention hautement stratégique en prélude au sommet extraordinaire des chefs d’État de l’organisation prévu le dimanche 9 janvier 2022. Va-t-il pouvoir dissuader le président malien et faire aboutir à une durée de transition plus courte ? L’idée de prolongation de la transition malienne va t-elle aboutir ?
Du coté des populations, on espère éviter de lourdes sanctions. « Nous attendons de bonnes négociations avec le représentant de la Cédéao qui arrive à Bamako et nous ne souhaitons pas des sanctions insupportables pour les populations maliennes », a plaidé Marimanta Diarra, président de l’Adema. Et de poursuivre, « nous souhaitons que les autorités de la transition revoient à la baisse leurs prétentions et que la Cédéao comprenne que la situation du Mali est extrêmement difficile ».
« L’enjeu de ce sommet est tout aussi important pour l’avenir de la Cédéao elle-même que pour celui du Mali. Aujourd’hui, il en va de la crédibilité de tout ce qui a été construit pendant une vingtaine d’années, qui est mis à l’épreuve des faits, et il est attendu, effectivement, de l’ensemble des acteurs de voir s’ils sont capables de mettre en application les principes qu’ils prônent pour leurs voisins de la sous-région, sans pour autant se les appliquer à eux-mêmes », a affirmé Niagalé Bagayoko, chercheuse au Réseau africain pour le secteur de la sécurité, basé à Accra.
Tout compte fait, les autorités maliennes sont conviées au respect de leurs engagements passés afin de ne pas créer d’autres excès au sein des autres gouvernements de transition.
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