Le président Alassane Ouattara peut-il gagner par « coup K.O »? La Commission Electorale Indépendante a radié les noms de Soro et Gbagbo sur la liste électorale. Une décision confirmée par le Tribunal de première instance d’Abidjan. Malgré cette décision, qui les rend inéligibles au prochain scrutin, les deux ex-hommes forts du pays veulent être candidats. Or, le président Alassane Ouattara minimise les candidatures de l’opposition et promet sa victoire dès le premier round.
En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle aura lieu le 31 octobre prochain. Les dépôts de candidature ont pris fin ce lundi, conformément à la loi en vigueur. C’est la date choisie par Gbagbo et Soro pour faire déposer leur dossier de candidature.
Un coup de force du président Alassane Ouattara
D’abord, c’est Georges Armand Ouégnin qui a déposé celui de Laurent Gbagbo, au nom de la plateforme EDS. A la sortie de la CEI, ce dernier a indiqué avoir déposé un dossier incomplet. En effet, sur les 12 dossiers demandés par la Commission électorale, l’EDS a déposé 9. Le casier judiciaire de Laurent Gbagbo n’y figure pas. « La CEI demandait 48.000 parrainages, on a obtenu 74.000 à peu près, on a aussi rassemblé la caution de 50.000 FCFA. On a également la volonté du peuple ivoirien de porter le Président Laurent Gbagbo à la tête de l’Etat au soir du 31 octobre 2020. Alors nous sommes déterminés à déposer sa candidature », a déclaré Georges Ouégnin.
Dans l’après-midi, c’est au tour de Générations et peuples solidaires de déposer la candidature de l’ex-chef de la rébellion. Les deux dépôts de candidature se sont déroulés dans une ambiance de joie. Une centaine de militants et sympathisants s’étaient rassemblés au siège de la commission à Abidjan. Pour l’heure le président Alassane Ouatara semble être le seul favori à sa propre réelection.
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La balle dans le camp du Conseil Constitutionnel
En ayant confirmé la radiation des noms de Gbagbo et Soro sur la liste électorale, la justice ivoirienne scelle leur sort. Normalement, tous les recours à l’interne pour espérer que Gbagbo et Soro soient rétablis dans leur droit, sont épuisés. Même si les deux hommes ont la possibilité de saisir la médiation internationale, elle a peu de chance d’aboutir. Dans la configuration actuelle, seul le Conseil Constitutionnel a le dernier mot.
« Le Conseil Constitutionnel aura la lourde responsabilité devant le peuple ivoirien et devant l’histoire. Il devra se prononcer sur la validité et la conformité de cette décision de radiation au regard de la constitution de notre pays », a glosé Armand Ouégnin, après le dépôt du dossier de Laurent Gbagbo. « Nous réclamons un audit international afin que l’acte que nous avons posé aujourd’hui s’inscrit dans le cadre de la réconciliation pour une paix véritable, non pour la paix par les armes », a-t-il ajouté. M. Ouégnin a également réclamé la libération de tous les « prisonniers politiques » et l’ouverture d’un dialogue franc.
Le président Alassane Ouattara peut-il gagner dès le premier tour ?
Investi le 22 août dernier, le président Alassane Ouattara, a martelé qu’il gagnera la prochaine élection. Et comment ? « Un coup K.O. », a-t-il déclaré. Mais ce pari est-il tenable ? Ouattara croit, par ses propos, minimiser les candidatures de l’opposition. Mais, sa réaction masque mal ses craintes d’une alliance contre son pouvoir. Si la candidature de Gbagbo et Soro reste hypothétique, celle de Bédié pourrait être validée facilement par le Conseil Constitutionnel. Dans ce cas, toute l’opposition se tournerait vers une alliance pour soutenir le parti de Bédié. Dans une telle configuration, la victoire « un coup K.O. » du président Alassane Ouattara reste difficile à réaliser.
L’autre aspect qui ne milite pas en faveur d’une victoire de Ouattara dès le premier tour, est la fragilité du RHDP. Si le président Alassane Ouattara a pu gagner les deux dernières élections présidentielles, c’est grâce à l’alliance avec le PDCI-RDA. Mais aujourd’hui, l’alliance est fragilisée. Certains cadres du PDCI-RDA qui étaient restés au RHDP contre la volonté de Konan Bédié, ont finalement tourné casque. Des poids lourds de la scène politique ivoirienne comme l’ex-membre du Conseil Constitutionnel, Francis Wodié, s’opposent au Président sortant. Toutefois, le bilan positif dans le domaine économique pourrait militer en faveur de la réélection de Ouattara. Mais une victoire au premier tour reste difficile.