D’après Philip Anegbe, vice-président de Cardinal Stone, basé à Lagos, depuis l’accession au pouvoir du président Bola Tinubu il y a un peu plus d’un an, le Nigeria est confronté à une crise économique sans précédent. C’est à dire que le pays est marqué par une inflation galopante. Les réformes économiques radicales initiées par le président ont suscité des débats et des controverses, notamment la dévaluation du naira et la suppression partielle des subventions sur l’essence.
Ces mesures, bien que considérées comme essentielles pour l’économie à long terme, ont eu un impact brutal sur les Nigérians les plus démunis. Cette situation constitue représente un défi majeur pour le gouvernement et la population. Alors la gestion de cette crise nécessitera des efforts concertés, des politiques économiques prudentes et des mesures sociales pour atténuer l’impact sur les populations les plus vulnérables. Toutefois, malgré les défis persistants, il existe des signes de progrès et un potentiel pour une reprise économique durable et inclusive au Nigeria.
Les origines de la crise selon Philip Anegbe
Selon Philip Anegbe, cette inflation historique a des causes profondes. « L’inflation à laquelle nous faisons face depuis six à huit mois est incomparable par rapport à tout ce que nous avons connu jusque-là. C’est une des conséquences des réformes du président Bola Tinubu, au moins sur le court terme », a-t-il expliqué.
Il estime que les réformes de dérégulation économique ont contribué à une augmentation des coûts, ce qui a directement influencé la hausse des prix sur le marché. La suppression partielle des subventions sur l’essence a été particulièrement ressentie par les couches les plus vulnérables de la population. De plus, l’insécurité persistante dans les régions agricoles a entraîné une crise alimentaire, avec le déplacement massif des agriculteurs et une diminution de l’approvisionnement alimentaire sur le marché.
Philip Anegbe souligne également le rôle de la contrebande aux frontières dans l’aggravation de l’inflation. La dépréciation du naira par rapport au franc CFA a rendu les exportations vers les pays voisins plus attrayantes, ce qui a entraîné des pénuries de produits de base sur le marché intérieur. La fermeture des frontières terrestres en 2019 visait à contrer ce phénomène, mais ses effets n’ont pas été durables.
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Perspectives d’avenir : Progrès mitigés et défis persistants
Malgré les défis actuels, il existe des signes de progrès dans la gestion de la crise économique. Philip Anegbe souligne la stabilisation récente du taux de change du dollar par rapport au naira. « Il y a dix jours, un dollar s’échangeait contre quasi 2 000 nairas. Mais c’est fini, le taux s’est stabilisé autour de 1 500. Donc ça, c’est quand même un signe qu’il y a quelques progrès », a-t-il affirmé. Cette stabilisation témoigne de l’intervention des autorités pour contenir la crise.
Cependant, Philip Anegbe met en garde contre l’illusion d’une résolution rapide de la crise. Les réformes économiques nécessaires peuvent être douloureuses et impliquer des sacrifices à court terme pour des bénéfices à long terme. Il appelle à la mise en place de filets sociaux pour protéger les populations les plus vulnérables et à une collaboration entre le gouvernement et le secteur privé pour stimuler la croissance économique.
Tony A.