Le pays d’Afrique Centrale, le Gabon, est à nouveau plongé dans l’incertitude politique suite à l’annonce de la réélection controversée d’Ali Bongo. Ce n’est pas la première fois que le Gabon se trouve dans une situation aussi délicate, mais les circonstances actuelles diffèrent grandement des précédentes.
En début de 2019, le pays avait déjà été le théâtre d’une tentative de coup d’État, peu après qu’Ali Bongo ait été victime d’un accident vasculaire cérébral. À cette époque, les signes de faiblesse du pouvoir étaient palpables, d’autant plus qu’Ali Bongo se trouvait à l’étranger pour des soins médicaux. L’incident avait rapidement été maîtrisé, en grande partie grâce au faible nombre de militaires impliqués et aux dissensions internes du parti au pouvoir. Cependant, la situation actuelle au Gabon est radicalement différente.
Une incertitude politique nourries par des tensions préélectorales
Le contexte électoral tendu dans lequel se déroule la réélection d’Ali Bongo crée une atmosphère de tension croissante. Le pays est quasiment hermétiquement fermé aux observateurs internationaux et aux médias étrangers, tandis qu’Internet a été coupé. Ces éléments ont préparé le terrain pour un climat de confusion propice à une incertitude politique au sommet de l’État.
La période précédant le scrutin a été marquée par une opposition déterminée et convaincue de sa victoire. Cependant, les résultats annoncés ont surpris de nombreux observateurs.
Comparativement à l’élection de 2016 où Ali Bongo et Jean Ping étaient séparés par seulement 5000 voix, l’écart en faveur du président sortant s’est largement creusé. Une victoire avec 64% des voix est étonnante, surtout à la lumière des défis économiques et sociaux que le Gabon a dû affronter ces dernières années.
Lire Aussi : ÉLECTIONS COUPLÉES AU GABON : L’OPPOSITION A-T-ELLE UNE CHANCE FACE AU PRÉSIDENT BONGO ?
Regard sur l’intervention militaire
Cette situation a fourni la toile de fond idéale pour le dévoilement d’une prise de parole militaire. Contrairement au coup d’État précédent, cette intervention implique un plus grand nombre de représentants des différents corps militaires et de sécurité du Gabon. Pour l’heure, l’identité des officiers impliqués dans la présente incertitude politique au Gabon demeure inconnue.
Ce coup d’État, impliquant une incertitude politique intervient dans le contexte d’une élection présidentielle contestée depuis avant même l’annonce des résultats. L’organisation du scrutin, désormais à un tour au lieu de deux, a été fortement critiquée et a suscité des tensions entre l’opposition et le pouvoir. Un dialogue politique national avait déjà réduit la durée du mandat présidentiel et changé le mode de scrutin peu avant l’élection.
La famille Bongo a dirigé le Gabon depuis quasiment son indépendance, avec Ali Bongo succédant à son père en 2009. L’élection de 2023 marquait son intention de briguer un troisième mandat, malgré les controverses et les défis auxquels le pays a été confronté sous son règne.
Lire Aussi : COUPS D’ETAT EN AFRIQUE : APRÈS LE PRINTEMPS ARABE, LA MOUSSON SUBSAHARIENNE ?
Steven Edoé Wilson