Au pays de Félix Houphouët-Boigny, la bataille pour le contrôle du Front Populaire Ivoirien (FPI) s’est soldée par le divorce N’Guessan-Gbagbo. Les deux hommes ont choisi de prendre de manière définitive des chemins opposés. L’un a opté pour la création de son nouveau parti politique et l’autre la continuité avec le FPI.
Cette nouvelle donne, Pascal Affi N’Guessan l’a confirmée le samedi 14 août dernier. C’était lors de la réunion extraordinaire du comité central du FPI, au siège du parti, à Abidjan. Apparemment, Laurent Gbagbo, le rassembleur et promoteur de l’unité nationale n’a pas pu mettre de l’ordre dans sa première maison qu’est le FPI. Pourrait-il y parvenir avec la réconciliation de la nation toute entière ? Pascal Affi N’Guessan, quant à lui, pourrait-il réussir le périlleux défi de la conquête du pouvoir en 2025 ? Les jours à venir auront à nous éclairer sur les enjeux de ces décisions dont le FPI subit aujourd’hui les effets.
Divorce N’Guessan-Gbagbo, une rupture inévitable
A scruter plus près la scène politique ivoirienne, cette situation, bien que triste, était inévitable. Ceci du fait que les deux hommes aujourd’hui partagent des ambitions politiques fortes. Et comme on le dit souvent, il ne peut y avoir deux capitaines dans un même bateau. Alors, il était impératif que l’un s’éclipse pour que la lumière de l’autre puisse resplendir.
Aussi, en tant que fondateur du FPI, Laurent Gbagbo s’attendait toujours à avoir un pouvoir décisionnel majeur. Ce qui lui permettrait de jouer un rôle important au sein du parti. Malheureusement, cette démarche affaiblit naturellement l’autorité de Pascal Affi N’Guessan et le réduit au second plan. Alors ce dernier devenait une gêne qu’il fallait absolument écarter.
Cette situation tendue, Pascal Affi N’Guessan avait du mal à l’accepter depuis un bon moment déjà. Pire encore, ses tentatives de résoudre ses différends avec son mentor depuis son retour à Abidjan ont aussi échoué. Laurent Gbagbo n’a pu lui accorder l’audience tant souhaitée. Pourtant, ses adversaires d’hier y ont eu droit sans grands efforts.
« Laurent Gbagbo a décidé de m’arracher le parti sans même chercher à m’entendre. Les Ivoiriens attendaient le retour de l’homme de paix et du démocrate, ils découvrent un monarque. Il se croit propriétaire du FPI, sa chose dont il peut disposer à sa guise », a décrié Pascal Affi N’Guessan. Cette façon de procéder sème le doute sur les intentions réelles de Laurent Gbagbo.
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Le FPI, un parti en reconstruction
Pour le président du FPI, le divorce N’Guessan-Gbagbo n’est pas un grand mal, ni un frein à l’avancement du parti. Au contraire, c’est l’ère du renouveau. Une grande page de l’histoire de ce grand parti de l’opposition ivoirienne se ferme avec le départ de Laurent Gbagbo. « Gbagbo a choisi la rupture, c’est son choix. Nous ne l’avons pas voulu », a précisé Pascal Affi N’Guessan.
Mieux encore, le divorce N’Guessan-Gbagbo symbolise, par ailleurs, le triomphe de la démocratie sur les ambitions égoïstes personnelles. « Le FPI n’est pas une chose. Il est vrai que l’histoire du FPI est inséparable de la lutte et du parcours politique de Laurent Gbagbo. C’est une grave erreur politique de réduire le parti à cette dimension », a indiqué l’ancien premier ministre.
Mais dans cette nouvelle dynamique, le parti déjà assez fragilisé par ces conflits internes va devoir faire face à une vague de départ. Plusieurs membres pourraient rejoindre le nouveau parti en formation de Laurent Gbagbo. L’ancien président l’a même laissé entendre à la tribune du Palais de la Culture, le 9 août dernier : « Je propose : laissons Affi avec l’enveloppe qu’il détient. Nous allons baptiser le FPI autrement. Nous allons continuer à lutter. Le FPI, c’est nous ».
Aussi, l’ascension politique de Simone Gbabgo, une figure incontournable du FPI pourrait éclabousser celle du leader du FPI. Cette dernière ne fait non plus mystère de ses ambitions politiques.
Au fil des années, le FPI est devenu plus qu’un parti. C’est-à-dire une marque à laquelle plusieurs ivoiriens se sont identifiés voire attachés. Cette nouvelle version du FPI dirigée totalement par Affi N’Guessan saura-t-elle susciter autant d’intérêts chez les partisans ? Ce FPI pourrait-il rassembler comme au bon vieux temps ? Tout compte fait, Pascal Affi N’Guessan reste déterminé à œuvrer pour la modernisation et la renaissance du FPI sous de nouveaux idéaux durables.
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Tony AMETEPE