Avec environ 80 entreprises françaises présentes dans le pays, le récent putsch au Gabon pourrait engendrer un impact immédiat et profond sur les intérêts économiques de la France. Ceci du fait que le pays a longtemps été un point d’ancrage pour les investissements français en Afrique.Cependant, les événements récents ont jeté une ombre d’incertitude sur ces relations économiques étroites.
Hier mercredi 30 août 2023, un putsch au Gabon a mis fin à la réélection du président Ali Bongo pour un troisième mandat à la tête du pays. Plusieurs de ses proches ont été arrêtés dans la foulée par les militaires putschistes. Il faut le souligner, le géneral Brice Oligui Nguema est devenu l’homme fort du pays. Pour le moment, c’est avec un sentiment de joie que ce putsch au Gabon a été accueilli par les populations dans ce pays d’Afrique centrale.
Le réseau économique franco-gabonais
Avec ce putsch au Gabon, les intérêts économiques français pourraient prendre un coup. Vu que le Gabon abrite un réseau complexe d’entreprises françaises allant des grandes entreprises aux petites et moyennes entreprises (PME), en passant par les artisans, les restaurants, les cabinets d’avocats et les services financiers. Cette toile économique s’étend sur divers secteurs, contribuant au dynamisme économique du pays. Le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), sous la direction d’Etienne Giros, a joué un rôle essentiel dans la promotion des investissements français dans la région.
Parmi les acteurs majeurs, le groupe minier français Eramet occupe une place significative. Avec des filiales telles que Comilog et Setrag, Eramet est présent dans l’extraction de manganèse et l’exploitation ferroviaire. La suspension temporaire de ses opérations suite au coup d’État a soulevé des questions quant à l’avenir de ces activités. Le manganèse, dont le Gabon est le deuxième producteur mondial, est une ressource essentielle utilisée dans la fabrication d’acier et de batteries.
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Les enjeux pour le secteur minier et pétrolier
Comilog, filiale d’Eramet, détient une part prépondérante dans l’extraction de manganèse gabonais. Cette société a extrait environ 7,5 millions de tonnes de manganèse en 2022, contribuant ainsi à l’économie locale. Cependant, cette situation s’est compliquée avec la participation d’acteurs internationaux tels que la compagnie minière chinoise CICMHZ et l’entreprise indienne Nouvelle Gabon Mining (NGM).
Parallèlement, TotalEnergies, un acteur majeur de l’industrie pétrolière, a une présence significative au Gabon depuis près d’un siècle. Possédant sept sites et deux filiales dans le pays, TotalEnergies joue un rôle central dans la distribution de produits pétroliers. Cependant, la stabilité de ses opérations est maintenant remise en question, compte tenu des développements politiques.
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Incertitudes après le putsch au Gabon
Ce putsch au Gabon a semé l’incertitude parmi les entreprises françaises opérant dans le pays. Les inquiétudes concernent non seulement la sécurité du personnel, mais aussi la continuité des opérations et la préservation des investissements. Étienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), chargé de promouvoir les investissements français sur le continent, a souligné à l’AFP qu’il est encore trop tôt pour évaluer l’ampleur des répercussions, mais il est confiant dans le fait que les entreprises chercheront à maintenir leur présence malgré les défis.
Le Gabon étant devenu une destination majeure d’exportation pour la France en Afrique centrale, les flux commerciaux pourraient également être affectés. Les secteurs clés tels que l’agriculture, l’agroalimentaire, l’équipement mécanique, l’électronique et les produits pharmaceutiques pourraient tous ressentir l’impact de ces perturbations.
Steven Edoé Wilson