vendredi, novembre 22 2024

Dans un discours télévisé, le général Abdourahamane Tiani, le nouveau chef d’État a promis une transition au Niger de trois ans maximums. Il a également dans son adresse annoncé la tenue prochaine d’un « dialogue national inclusif » dans un délai de 30 jours. Cette annonce, comme on pouvait s’y attendre a déplu a plus d’un et indique bel et bien la posture radicale de la junte au pouvoir, résolue à ne pas se soumettre aux exigences de la CEDEAO.

En évoquant une transition au Niger, voire sa feuille de route, tout porte à croire que le général Abdourahamane Tiani a fermé la porte à tout retour en arrière. Se pose donc désormais la question captivante de savoir si l’ère Mohamed Bazoum à la présidence a pris fin de manière définitive avec une transition au Niger ? Il y a-t-il encore des chances de le restaurer au pouvoir ? Pour rappel, le général Tiani, leader du CNSP (Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie) a renversé le président Bazoum le 26 juillet 2023.

Une transition au Niger déjà bien accueillie

Suite aux propos du général Abdourahamane Tiani, les réactions des populations n’ont pas tardé. Celles-ci vont plutôt dans le sens d’une acceptation populaire de sa personne comme l’homme de la situation. Ce soutien affiché à la junte symbolise d’une certaine manière l’acquiescement de la population aux idéaux des militaires au pouvoir. Ceci dit, il serait difficile de les voir confier à nouveau les rênes du pays au président déchu Bazoum.

Pour preuve, au lendemain du discours d’annonce de la transition au Niger, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans deux villes : Niamey et Agadez. Ceci pour afficher leur soutien aux généraux et en exigeant le départ de la France notamment mais aussi les États-Unis. « Ce qui nous intéresse, nous, c’est la souveraineté totale du peuple. Nous allons faire du cas par cas pour essayer de reconquérir qui nous a été confisquée pendant des années à travers l’invasion de notre pays par des soldats étrangers », a expliqué Ibrahim Namaiwa est l’un des organisateurs du rassemblement.

Lire aussi : INSTABILITÉ AU NIGER : ENTRE CACOPHONIE ET ENJEUX INTERNATIONAUX

Pure manipulation

« On sait comment on crée des manifestants. On prend des jeunes recrues dans la gendarmerie, dans la garde, dans l’armée… On les habille en civil, on fait remplir le stade. Puis, il y a d’autres personnes, les badauds qui ne comprennent pas grand-chose, qu’on mobilise. Et cela donne ce rassemblement. Mais ce n’est pas ça le Niger. Pendant qu’ils financent d’un côté une mobilisation de ce type, ils empêchent les citoyens normaux de se regrouper, à coups d’intimidation, à coups d’arrestations arbitraires », déplore Oumar Moussa, directeur adjoint du cabinet du président renversé Mohamed Bazoum.

Selon lui, ce passage de force à une transition au Niger est un manque criard d’élégance et de décence de la part des putschistes. C’est le signe d’une opposition des militaires au dialogue pour une sortie rapide de crise. Car le fait que l’annonce d’une transition au Niger ait été faite malgré la présence d’une délégation de la Cédéao le samedi 19 août, à Niamey, dans l’espoir d’une solution diplomatique avec la junte, en dit long.

Quand bien même que la carte de l’intervention militaire dans le pays reste sur la table. Elle demeure risquée pour la stabilité sous régionale. Ce qui confère un avantage considérable pour les militaires au pouvoir. Aussi, le nouvel homme fort du pays a affirmé que son pays se défendrait en cas d’intervention militaire. « Ni le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, ni le peuple nigérien ne veulent d’une guerre », « mais si une agression devait être entreprise, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il prévenu.

 

Tony A.

Previous

Création d'entreprises : stabilité politique, environnement favorable, les clés d’un écosystème dynamique au Togo

Next

Afrique : Les coups d'État, symptômes d'une fragilité politique ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Voir Aussi

Ne Manquez Pas

Abdoulaye Maïga

Mali: le général Abdoulaye Maïga nommé Premier ministre

Tony AMETEPE

Le général de division, Abdoulaye Maïga, a été nommé ce jeudi 21 novembre comme Premier ministre de transition. Il remplace ainsi Choguel Maïga, limogé par la junte. La nomination du nouveau Premier ministre a été annoncé par le ministre secrétaire général de la présidence, Alfousseyni Diawara, via un communiqué lu sur la radiotélévision du pays […]

Choguel Maïga

Mali : le Premier ministre Choguel Maïga limogé par Assimi Goïta

Tony AMETEPE

Le Premier ministre malien Choguel Maïga a été démis de ses fonctions par un décret présidentiel le 20 novembre 2024, signé par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. Cette décision intervient après des propos tenus par le Premier ministre contre la junte. Ce limogeage marque un tournant dans la politique du pays. […]

Niger

Niger : 3 000 cas irréguliers détectés et rayés du fichier des retraités de la fonction publique

Tony AMETEPE

Le Niger a entrepris un réexamen approfondi du fichier des retraités de la fonction publique, une initiative visant à renforcer la transparence et à améliorer l’efficacité des paiements des pensions. Après plusieurs mois de vérifications, un comité de contrôle a identifié et nettoyé 3 000 cas irréguliers sur plus de 36 000 retraités, ce qui […]