Officialisée le jeudi 17 février 2022, la fin de Barkhane au Mali continue d’alimenter les polémiques. Même si la France reste engagée au Sahel, le retrait militaire des forces Barkhane et Takouba du Mali est amer et très mal perçu. Pour plusieurs acteurs politiques français, la politique du président Macron est décevante. Et cela se traduit par son incapacité à préserver comme il se doit les intérêts de la France.
Rappelons que ces derniers mois, des tensions récurrentes ont émaillées les relations entre Bamako et Paris. Un bras de fer découlant des insatisfactions ressenties par la junte malienne quant à la présence française dans le pays pendant plus de neuf ans sans grands résultats. De plus, les présomptions d’une certaine négociation avec la société de mercenaires russes Wagner ont davantage joué dans l’annonce de la fin de Barkhane au Mali. Quelle serait donc la portée du nouveau redéploiement français dans la région du Sahel ? Qu’en est-il de la vulnérabilité du Mali face aux groupes djihadistes, sans oublier les pays voisins.
La fin de Barkhane au Mali, conséquence d’une politique illisible
A deux mois de l’élection présidentielle en France, la soudaine fin de Barkhane au Mali, sonne comme un échec retentissant pour Emmanuel Macron. Selon Jean-Christophe Lagarde (UDI), ce départ du Mali symbolise l’échec total des stratégies successives de Macron. Pour Charles Millon, ancien ministre de la Défense sous Jacques Chirac, plusieurs erreurs auraient été commises par la diplomatie française.
« Ce que je reproche au Président français au Mali comme au Liban ou en Ukraine, c’est de faire une politique de coups, sans suivi, ni constance. Cette fâcheuse habitude est totalement contre-productive. La diplomatie se joue dans la durée et dans des liens de confiance avec nos interlocuteurs étrangers », a expliqué Charles Millon.
« C’est un échec. Le fait d’être obligés de partir, après avoir été humiliés à ce point par le gouvernement malien, est un échec. On aurait probablement pu changer de stratégie depuis quatre ou cinq ans, ce qui n’a pas été le choix d’Emmanuel Macron », tacle pour sa part la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen.
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Une zone à haut risque
Pour ce qui est de l’après fin de Barkhane au Mali, les interrogations se multiplient. Mais pour le moment, les prévisions de redéploiement des troupes françaises se penchent plus vers le Niger. Toutefois cette réorganisation n’est pas encore confirmée par les autorités nigériennes. Un vote sera bientôt effectif devant l’Assemblée nationale.
Aussi, avec la fin de Barkhane au Mali, des craintes sur la capacité des forces maliennes à assurer la défense efficace des frontières et surtout des populations sont aussi émises. Il en est de même pour les pays du golfe de Guinée qui subissent eux aussi l’impact négatif de ce retrait français et européen. Alors il est sans doute clair qu’ils auront probablement un rôle majeur à jouer dans le futur dispositif de la France en Afrique de l’ouest contre le terrorisme.
« Aujourd’hui, nous avons une accalmie sur cette zone, à cause du travail efficace, mené par Takuba et par Barkhane. Et évidemment, leur retrait va entraîner une pression plus importante sur nous, alors qu’aujourd’hui nous avons l’essentiel de nos forces vers la frontière burkinabè », déplore d’ores et déjà le ministre des Affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massoudou.
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