Dafa Doy , collectif récemment créé à Mbour, ville côtière du Sénégal, tire la sonnette d’alarme après une nouvelle tragédie en mer. Le 8 septembre 2024, 39 migrants ont perdu la vie lorsque leur pirogue s’est renversée lors d’une tentative de traversée clandestine. Ce drame, qui s’ajoute à une série d’événements similaires, a profondément secoué la communauté locale. En réponse, Dafa Doy (qui signifie « ça suffit » en wolof) appelle à une mobilisation générale pour lutter contre ce fléau. Samedi dernier, une marche silencieuse a été organisée pour sensibiliser à l’urgence d’actions concrètes contre le trafic de migrants.
Porté par des associations locales et des citoyens engagés, « Dafa Doy » a pris une dimension particulière après cette marche silencieuse. À la fin de la manifestation, les organisateurs ont remis un manifeste aux autorités locales, exprimant leur volonté de voir des mesures concrètes et rapides mises en place. « C’est un cri de cœur pour dire que ça suffit, nous ne voulons plus que nos frères et sœurs disparaissent en mer », a déclaré Mohamed Faye, un des membres du collectif. Ce mémorandum appelle à une action collective, invitant aussi bien les autorités politiques et religieuses que les habitants à unir leurs forces pour combattre ce phénomène qui ravage les communautés.
Dafa Doy pour briser le cycle de la tragédie
L’une des principales revendications est la mise en place de mécanismes pour empêcher les départs clandestins. Le collectif réclame une surveillance accrue des côtes, mais également des initiatives visant à offrir des alternatives aux jeunes tentés par l’exil. Pour Mohamed Faye et ses partenaires, il est impératif de redonner espoir aux populations locales, en particulier aux jeunes, souvent désillusionnés par la pauvreté et le manque d’opportunités économiques.
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La mobilisation de « Dafa Doy » ne se limite pas à la sensibilisation des habitants de Mbour. Le collectif envisage de s’attaquer directement aux passeurs, ces trafiquants de vies humaines qui exploitent la détresse des jeunes Sénégalais en quête d’un avenir meilleur en Europe. « Il est crucial d’aller à la rencontre des passeurs et des jeunes qui pensent à partir, afin de les dissuader et leur proposer des alternatives locales », souligne Mohamed Faye. La stratégie du collectif inclut également des campagnes de sensibilisation pour éduquer les communautés sur les dangers de ces traversées et sur la réalité souvent cruelle qui attend les migrants clandestins.
Ce sentiment de « sursaut » collectif est palpable à Mbour, où chacun se sent concerné par la situation. Alors que le trafic de migrants continue de coûter des vies, le collectif « Dafa Doy » espère non seulement faire réagir les autorités, mais aussi enclencher un changement durable dans les mentalités. Ce qui importe, conclut Mohamed Faye, « c’est que tout le monde soit à l’action, c’est ce qui est important actuellement. »
Tony A.