Le récent achat par le gouvernement nigérian d’un avion présidentiel flambant neuf pour une somme estimée à 100 millions de dollars a suscité une vague d’indignation à travers le pays. Le président Bola Tinubu, en déplacement en France, a fait usage de ce nouvel Airbus A330, provoquant un tollé parmi les citoyens qui luttent pour joindre les deux bouts dans un contexte de crise économique sans précédent. Il faut souligner que le Nigeria fait face à sa pire récession depuis les années 1990. Alors cette acquisition est perçue comme une insulte aux millions de Nigérians vivant sous le seuil de pauvreté.
Les critiques se sont rapidement multipliées sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes n’ont pas mâché leurs mots. « Ils nous demandent de nous serrer la ceinture pendant qu’il s’offre un avion luxueux », s’indigne un utilisateur de X (anciennement Twitter). D’autres dénoncent l’égoïsme et le manque de sensibilité du président, soulignant que cet achat ostentatoire contraste fortement avec les appels du gouvernement à l’austérité. Le contraste entre le discours officiel et les actions des dirigeants nourrit une profonde frustration, alimentant la perception d’un fossé croissant entre l’élite politique et la population.
Réactions politiques et critiques acerbes contre l’achat de cet avion présidentiel
L’indignation ne se limite pas aux simples citoyens. D’anciens responsables politiques ont également critiqué cette décision, la qualifiant de symbole de l’irresponsabilité fiscale du gouvernement. Oby Ezekwesili, ancienne ministre de l’Éducation, a fustigé l’administration Tinubu pour ce qu’elle considère comme une imprudence budgétaire et un manque d’intégrité. Elle voit dans cet achat d’avion présidentiel un reflet des priorités déconnectées des réalités du pays, où l’inflation galopante et le chômage affaiblissent la majorité de la population.
Face à ces critiques, le gouvernement a tenté de justifier l’achat de cet avion présidentiel. Selon le porte-parole de la présidence, l’avion aurait été acquis sur les conseils du comité de sécurité du Sénat, à un prix « bien en dessous du marché ». Cette défense n’a cependant guère apaisé les tensions, de nombreux Nigérians percevant cette justification comme une tentative de détourner l’attention des véritables préoccupations économiques du pays.
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Le contraste amer entre l’élite et le peuple
L’achat de cet avion présidentiel montre un contraste frappant entre l’élite politique et la réalité quotidienne des Nigérians ordinaires. Avec une inflation qui atteint des sommets inégalés depuis près de trois décennies et plus de 40 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, l’acquisition d’un jet de luxe apparaît comme une insulte aux sacrifices demandés au peuple.
La crise économique actuelle, exacerbée par la pandémie de COVID-19, a déjà plongé des millions de Nigérians dans la précarité.
Le choix de dépenser une somme aussi colossale pour un avion présidentiel en ces temps difficiles a non seulement alimenté la colère, mais aussi renforcé l’idée que les dirigeants sont déconnectés des souffrances de la population. Ce mécontentement pourrait avoir des répercussions politiques importantes, alors que les Nigérians expriment de plus en plus leur ras-le-bol face à ce qu’ils perçoivent comme des priorités mal placées du gouvernement Tinubu.
Sandrine A.