mercredi, septembre 18 2024

La Zambie, nation où le maïs constitue la base du régime alimentaire et la principale source de calories pour des millions de personnes, fait face à une crise alimentaire d’une ampleur sans précédent. Déjà durement touchée par une sécheresse historique, la récolte de maïs, vitale pour la population, est désormais confrontée à une nouvelle menace : la contamination par les aflatoxines, des substances toxiques produites par deux espèces de champignons.

Ces toxines, responsables de la mort de plusieurs chiens après avoir consommé des aliments contaminés, suscitent une inquiétude grandissante au sein de la population et des autorités. Les résultats des enquêtes sanitaires sont alarmants : sur les 25 échantillons de maïs prélevés dans différentes minoteries à travers le pays, la moitié s’est révélée positive aux aflatoxines. Cette découverte fait craindre une crise sanitaire majeure, car ces toxines sont dangereuses pour la santé humaine, pouvant causer des cancers du foie. Bien qu’aucun décès humain n’ait été signalé pour le moment, le rappel des lots contaminés est en cours, et les autorités continuent d’enquêter pour évaluer l’étendue de la contamination.

Le changement climatique et ses répercussions sur le maïs zambien

La sécheresse exceptionnelle qui frappe la Zambie depuis plusieurs saisons, exacerbée par les effets du réchauffement climatique, est pointée du doigt comme l’une des principales causes de cette contamination par les aflatoxines.

Pour Elijah Muchima, ministre de la Santé, les conditions climatiques extrêmes que subit le pays ont favorisé le développement de ces toxines dans les cultures de maïs. Cette situation illustre la vulnérabilité croissante des systèmes agricoles face aux changements climatiques, avec des répercussions potentielles sur la sécurité alimentaire nationale.

Jean-Christophe Meile, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) à Montpellier, explique que les aflatoxines se développent particulièrement dans des conditions de stress hydrique, comme celles engendrées par les sécheresses prolongées ou les conditions de stockage inappropriées. La sécheresse en Zambie, en dégradant les conditions de culture et de conservation du maïs, a donc amplifié la production de ces toxines, posant un défi supplémentaire à un pays déjà en difficulté.

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Vers une insécurité alimentaire accrue ?

L’impact combiné de la sécheresse et de la contamination par les aflatoxines pourrait aggraver une situation alimentaire déjà critique. Le maïs, qui représente 60 % des apports caloriques des Zambiens, est déjà en pénurie en raison des mauvaises récoltes de cette année.

Selon les estimations, plus d’un million d’agriculteurs ont vu leurs rendements chuter drastiquement. Conséquences, les réserves alimentaires du pays sont en mettant en péril. Si la contamination par les aflatoxines devait toucher une part significative des récoltes restantes, les conséquences pourraient être désastreuses pour la Zambie qui va vivre une crise alimentaire sans précédent.

Les autorités quant à elles, continuent d’étendre les enquêtes à l’ensemble du territoire pour évaluer l’ampleur réelle de la contamination. Cependant, l’absence de surveillance rigoureuse sur la présence d’aflatoxines jusqu’à présent rend cette tâche particulièrement complexe et chronophage. Le pays se retrouve ainsi dans une situation délicate, où la lutte pour la sécurité alimentaire doit désormais inclure la gestion d’un ennemi invisible, rendu plus puissant par le changement climatique.

 

Sandrine A.

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