Le projet de relier les champs de pétrole d’Agadem au pipeline tchadien de Doba a refait surface, apportant une lueur d’espoir pour l’exportation du brut nigérien. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique relancée par la Sonidep lors du lancement de ses activités amont le 22 juin dernier. Le ministre nigérien du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, et la ministre tchadienne des Hydrocarbures, Alixe Naïmbaye, se sont rencontrés à Niamey pour mettre en place les bases techniques et institutionnelles de ce projet ambitieux.
La perspective de ce nouveau pipeline symbolise une stratégie de diversification des voies d’exportation pour le Niger, renforçant ainsi sa souveraineté énergétique et son intégration régionale. En redynamisant ce projet, Niamey et N’Djamena affirment leur volonté de surmonter les défis géopolitiques et économiques pour garantir la stabilité et la prospérité de leurs secteurs pétroliers respectifs.
Une nouvelle dynamique pour le pipeline Niger-Tchad-Cameroun
La réunion de Niamey marque un tournant décisif pour la coopération pétrolière entre le Niger et le Tchad. Mahaman Moustapha Barké a souligné l’importance de cette relance pour l’exploitation des blocs pétroliers Bilma, R5, R6, R7, ainsi que R1 à R4, qui alimenteront ce nouveau pipeline. « Nous aurons ainsi un débouché sur le Tchad pour l’exportation du brut issu de ces différents blocs, tandis que les blocs déjà en exploitation alimenteront la raffinerie et le complexe pétrochimique de Dosso », a-t-il précisé.
Alixe Naïmbaye, ministre tchadienne des Hydrocarbures, a réaffirmé l’engagement de son pays à faire de ce projet un succès. Durant sa visite de trois jours, elle a insisté sur la nécessité de créer un comité technique pour accélérer la mise en œuvre de ce pipeline stratégique. « Le projet de construction du pipeline Niger-Tchad-Cameroun mérite toute notre attention. Nous offrons aujourd’hui les discussions préliminaires autour de ce projet et je voudrais vous assurer que la partie tchadienne s’emploiera pleinement pour faire de la réalisation de cette infrastructure un franc succès », a-t-elle déclaré.
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Entre géopolitique et défis économiques
Le projet de pipeline Niger-Tchad-Cameroun représente un investissement colossal, estimé à 1,18 milliard de dollars pour la construction de 700 kilomètres de pipeline. Cette alternative apparaît d’autant plus viable face aux complications diplomatiques actuelles avec le Bénin, où les coûts de l’oléoduc ont déjà dépassé les 2 milliards de dollars. Jean-Pierre Favennec, spécialiste des questions pétrolières, a mis en évidence la dimension géopolitique de cette initiative. « L’économie n’a pas tellement de place là-dedans, c’est très géopolitique », a-t-il souligné.
Le projet requiert une coopération étroite non seulement entre le Niger et le Tchad, mais aussi avec le Cameroun et les partenaires chinois impliqués. La réévaluation des coûts, la mise à jour des études de faisabilité et l’obtention des droits de passage pour le pétrole sont des étapes cruciales avant la réalisation de ce pipeline. La flexibilité des autorités tchadiennes et camerounaises pourrait faciliter ces démarches, offrant ainsi une solution viable pour contourner les obstacles actuels.
Sandrine A.