samedi, septembre 7 2024

Le Parlement gambien a rejeté, ce 15 juillet 2024, une proposition de loi visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF), une pratique interdite depuis 2015. Cette décision intervient après des mois de controverses et de pressions internationales. Si la loi avait été adoptée, la Gambie serait devenue le premier pays au monde à annuler une interdiction des MGF, selon les Nations Unies. Les groupes de défense des droits humains ont salué cette décision, soulignant son importance pour la protection des filles et des femmes en Gambie.

Ce rejet marque un tournant significatif dans la lutte contre une pratique profondément ancrée dans certaines cultures locales et souvent justifiée par des arguments religieux et traditionnels. Les débats autour de cette proposition de loi ont révélé des divisions profondes au sein de la société gambienne, entre ceux qui considèrent les MGF comme une partie intégrante de leur héritage culturel et ceux qui y voient une violation grave des droits humains.

Un soulagement pour les défenseurs des Droits Humains

Les amendements proposés pour dépénaliser les MGF ont été fermement rejetés par les députés, maintenant ainsi l’illégalité de cette pratique. Les groupes de défense des droits humains, ainsi que les Nations Unies, avaient vivement exhorté les parlementaires à rejeter cette loi, arguant qu’elle menaçait des années de progrès en matière de droits des femmes en Gambie.

Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a exprimé son soulagement : « C’est avec un grand soulagement que nous accueillons le rejet du projet de loi visant à abroger l’interdiction des mutilations génitales féminines en Gambie. » Elle a rappelé que l’adoption de la loi sur les femmes en 2015 avait été une étape cruciale pour garantir les droits des filles et des femmes. Cependant, elle a également souligné le besoin d’une meilleure application de la loi, notant que depuis l’interdiction de 2015, seuls deux cas ont fait l’objet de poursuites et la première condamnation n’a été prononcée qu’en août 2023.

Anna Njie, présidente de l’Association des femmes juristes de Gambie, a également réagi favorablement à cette décision, soulignant l’importance de protéger les droits des femmes et des filles. Elle a appelé les autorités à mener des enquêtes rigoureuses sur les plaintes liées aux MGF et a insisté sur la nécessité d’une sensibilisation accrue dans les communautés, les écoles et le secteur de la santé.

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Les MGF, une problématique culturelle et religieuse

La proposition de loi, présentée par le député Almameh Gibba, a divisé profondément l’opinion publique en Gambie, un pays à majorité musulmane. Gibba et ses partisans affirmaient que l’excision est une pratique culturelle et religieuse profondément enracinée, soutenue par certains responsables religieux. Cependant, cette position a été vivement contestée par les défenseurs des droits humains, qui insistent sur le fait que les MGF sont une violation des droits des femmes et des filles.

Les MGF, qui incluent l’ablation partielle ou totale du clitoris et d’autres organes génitaux externes, ont des conséquences graves sur la santé des femmes, allant des infections et saignements à la stérilité et complications lors des accouchements. Selon l’Unicef, la Gambie fait partie des 10 pays où le taux de MGF est le plus élevé, avec 73% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ayant subi cette pratique.

La décision du Parlement de maintenir l’interdiction des MGF est une victoire pour les droits des femmes en Gambie. Toutefois, une vigilance continue et des efforts accrus sont nécessaires pour éradiquer cette pratique néfaste. Les autorités et les défenseurs des droits humains doivent continuer à travailler ensemble pour sensibiliser la population et appliquer strictement la loi, afin de protéger les futures générations de femmes et de filles gambiennes.

 

Tony A.

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