Au Sénégal, la transition politique continue de susciter des débats passionnés. Le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, élu en mars et ayant prêté serment le 2 avril 2024, a dressé un premier bilan de ses 100 jours au pouvoir, marquant ainsi une étape cruciale de son mandat. Ses critiques acerbes à l’encontre de la gestion de son prédécesseur, Macky Sall, ont déclenché une réponse virulente de l’entourage de l’ancien chef de l’État, révélant des tensions persistantes entre les deux administrations.
Dans son discours bilan, Faye n’a pas seulement énuméré ses réalisations, mais a également ciblé des secteurs sensibles, en accusant l’ancienne administration de contrats surfacturés et de mauvaise gestion, ce qui a exacerbé les divisions politiques et incité à un débat national sur la transparence et la gouvernance.
Réalisations et critiques du nouveau président dans son bilan
Le 13 juillet 2024, Bassirou Diomaye Faye a dans son bilan des 100 jours détaillé ses premières réalisations et fixé ses priorités, notamment l’emploi des jeunes. Cependant, il n’a pas manqué de critiquer la gestion de Macky Sall dans des domaines cruciaux comme l’eau et la santé. Selon Faye, son administration aurait découvert des contrats surfacturés et mal négociés, hérités du précédent gouvernement.
Ces accusations ont été vivement contestées par Abdou Mbow, porte-parole adjoint de l’Alliance pour la République (APR), le parti de Macky Sall. « Il manque de fair-play parce que les Sénégalais l’ont élu à 54 %. C’est parce qu’ils ont sanctionné un régime. Maintenant, je pense que le plus important c’est de dire au moins où il va. Il n’y a pas encore eu de déclaration de politique générale. Le projet dont il parle, ils l’ont vendu aux Sénégalais mais on n’a pas encore vu ce projet. Eux-mêmes ont dit que le projet va être disponible en septembre. Ce qui veut dire qu’ils sont venus dans l’impréparation », a déclaré Mbow, soulignant un manque de préparation de la nouvelle administration.
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Réalisme et défis du nouveau pouvoir
Adji Mergane Kanoute, vice-présidente du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY), a également apporté sa critique au soupçon de bilan, tout en saluant le réalisme de Bassirou Diomaye Faye face aux défis économiques du pays. « Nous avons vu qu’il a été serein, très clair dans ses propos, lance-t-elle. Le président de la République fait face, dorénavant, aux dures réalités du pouvoir. Quand, nous, nous parlions de conjoncture, sous la présidence de Macky Sall, en faisant référence à la pandémie de la Covid-19, en faisant référence à la guerre russo-ukrainienne ou à la question du Moyen-Orient, il n’acceptait pas. Aujourd’hui, il a compris ».
Outre les critiques découlant du bilan présenté, Kanoute a salué la baisse des prix de certaines denrées de première nécessité, tout en demandant à Bassirou Diomaye Faye de fournir des preuves pour ses accusations concernant les contrats surfacturés. « Concernant les accusations sur les contrats, elle demande que Bassirou Diomaye Faye apporte des preuves de ce qu’il avance », a-t-elle affirmé, appelant à une plus grande transparence.
La continuité des défis économiques
Malgré les critiques et les accusations mutuelles issues du fameux bilan des 100 jours, il est clair que le Sénégal continue de faire face à des défis économiques majeurs. Les nouvelles administrations doivent naviguer dans un paysage marqué par des crises globales, comme la pandémie de Covid-19 et les conflits internationaux, qui impactent directement l’économie nationale. Les accusations de mauvaise gestion des contrats doivent être examinées avec soin, mais elles ne doivent pas détourner l’attention des besoins urgents du pays.
Le débat entre les partisans de Macky Sall et ceux de Bassirou Diomaye Faye révèle la complexité de la gouvernance dans un contexte économique difficile. Il sera crucial pour le nouveau président de non seulement prouver ses allégations mais aussi de présenter des solutions concrètes pour améliorer la vie des Sénégalais. La politique de baisse des prix de certaines denrées est un premier pas, mais beaucoup reste à faire pour répondre aux attentes de la population et réaliser les promesses électorales.
Tony A.