L’Afrique, continent aux mille visages, est également le théâtre d’une réalité politique complexe et parfois troublante. Ces dernières années, les coups d’État ont rythmé l’actualité de plusieurs nations africaines, laissant entrevoir des enjeux politiques, économiques et sociaux sous-jacents.
Le continent noir détient le record de coups d’État, loin devant d’autres régions du globe, suscitant des interrogations profondes sur les causes et les conséquences de ce phénomène.
Le lien complexe pouvoir/armée et influence géopolitique dans les coups d’Etat
La relation entre les régimes politiques et les forces armées est l’un des éléments clés qui sous-tend les coups d’État en Afrique. Trop souvent, les dirigeants politiques ont concentré le pouvoir et affaibli les institutions démocratiques, laissant l’armée comme l’une des rares institutions fonctionnelles.
Les élites présidentielles ont favorisé la présidentielle de l’armée, transformant souvent les gardes présidentielles en instruments de protection du régime plutôt que des défenseurs de la nation.
Un facteur majeur sous-tendant les coups d’État en Afrique est la mauvaise gouvernance. Des années de corruption, de népotisme et de détournement de fonds ont miné la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et institutions. Les rivalités géopolitiques et les intérêts économiques renforcent cette instabilité. Certains pays africains sont devenus des enjeux dans une lutte d’influence entre puissances occidentales et émergentes, amplifiant les tensions internes.
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La voix de la jeunesse
L’avènement des réseaux sociaux et l’accès croissant à l’information ont renforcé la prise de conscience et la mobilisation de la jeunesse africaine. Les nouvelles générations sont mieux informées et ont accès à des plateformes pour exprimer leur mécontentement face à des régimes jugés autoritaires ou corrompus. Cette jeunesse est de plus en plus active, tant au niveau civique que militaire, se manifestant souvent dans des mouvements de protestation qui peuvent évoluer vers des coups d’État.
Face à ce contexte complexe, il est impératif de réfléchir à des solutions durables pour prévenir les coups d’État en Afrique. La révision des modèles politiques et la décentralisation du pouvoir peuvent contribuer à réduire les tensions. Les États africains doivent réinventer leur gouvernance en favorisant le consensus et en intégrant les aspirations de la jeunesse. Le dialogue et la collaboration entre acteurs nationaux et régionaux sont essentiels pour garantir une transition politique stable.
L’Afrique se trouve à un carrefour critique. Pour éviter le cycle des coups d’État, il est essentiel de repenser la gouvernance, de prévenir les abus de pouvoir et de consolider les institutions démocratiques. La voie à suivre nécessite une approche intégrée, incluant la société civile, les forces armées et la jeunesse. Si les régimes africains saisissent l’opportunité de refondation que les coups d’État peuvent offrir, l’avenir politique du continent pourrait connaître une nouvelle ère de stabilité et de développement.
Steven Edoé Wilson