Au Burkina, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée malgré l’arrivée des militaires au pouvoir. En effet, selon les chercheurs de l’Institute for Security Studies (ISS Africa), le putsh n’a pas à ce jour, permis de régler le problème du terrorisme et de l’insécurité.
Pour le think tank basé à Pretoria, le coup d’Etat perpétré par le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et ses camarades, a des répercussions négatives sur la situation sécuritaire. Pourtant, le putsch avait suscité un certain espoir au sein des populations quant à la fin de l’insécurité.
Le Burkina connaît une augmentation des attaques et des décès liés au terrorisme
Ainsi, au cours des semaines qui ont suivi l’arrivée du MPSR à la tête du Burkina, les actions violentes des terroristes ont sensiblement augmenté. Ces attaques ont entraîné de nouveaux déplacements internes de population. Le nombre de personnes déplacées internes dans le pays est passé de 1 741 655 à la fin janvier 2022 à 1 814 283 à la fin février. Soit une augmentation de 4,17%. Ce chiffre fait du Burkina, le pays à la plus grande crise de déplacement forcé du Sahel avec 64% des personnes déplacées dans la région.
“Les chiffres du Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) font état de 610 incidents violents, impliquant principalement des groupes extrémistes violents, entre le 25 janvier et le 8 avril 2022, faisant 567 morts. Par rapport à la période correspondante en 2021, le nombre d’incidents a quadruplé et les décès ont triplé”, indique l’Institute for Security Studies.
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Des situations nationales et sous-régionales atténuantes ?
Cependant, le nouveau régime tente d’expliquer cette dégradation de la situation sécuritaire. Il évoque notamment le temps pris pour la mise en place des institutions de la transition. Maintenant que ces institutions ont été mises en place et que la durée de la transition est connue, 36 mois, les nouvelles autorités promettent des résultats probants dans la lutte contre l’insécurité dans le pays.
Dans son analyse de la situation au Burkina, ISS Africa n’a pas manqué de prendre en compte la situation sous-régionale. Un contexte marqué par des putschs au Mali, en Guinée, puis au pays des hommes intègres, ainsi que des tentatives au Niger et en Guinée-Bissau. Si les trois pays désormais sous régime transitoire militaire, ont été suspendus par la CEDEAO, l’ISS Africa estime que l’organisation régionale devrait se montrer plus indulgente envers le Burkina.
“Dans ce contexte, les partenaires du Faso devraient définir des stratégies d’appui flexibles et pragmatiques, tenant compte des évolutions nationales et régionales. Sans renoncer à l’exigence d’un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai « raisonnable », leur crédibilité repose, au-delà du strict respect des processus, sur leur approche constructive, notamment pour soutenir le Burkina Faso dans la réalisation de ses objectifs sécuritaires”, écrit l’institut.
Klétus Situ