Depuis quelques jours, les relations Algérie-France sont marquées par des tensions vives. A la base de cette grave crise entre Alger et Paris, des déclarations critiques du président Emmanuel Macron. C’était jeudi dernier, lors de sa rencontre à l’Élysée avec des jeunes Français d’origine algérienne, binationaux, et des Algériens. La question mémorielle était au cœur des échanges.
Les autorités algériennes face à ce qu’elles qualifient d’affront n’ont pas tardé à manifester leur colère à l’égard du président français. Des mesures drastiques ont donc été prises contre Paris. C’est le cas notamment avec l’interdiction du survol du territoire algérien aux avions militaires français. L’ambassadeur d’Algérie en France a été lui aussi rappelé. Du côté de l’Elysée qui adopte lui aussi un ton toujours musclé, une restriction a été imposée sur les visas français octroyés aux Algériens.
A ce stade de dégradation des relations Algérie-France, il convient de s’interroger. Est-ce vraiment les propos du président Emmanuel Macron qui ont provoqué ces brouilles entre Alger et Paris ? Il y a-t-il d’autres motifs insoupçonnés ? Quelles seraient les incidences de ces tensions ?
Tensions Algérie-France, un grand dérapage de Macron
Selon un familier de l’Algérie, les déclarations du président de la République française, Emmanuel Macron étaient exagérées voire pas du tout convenables. « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? », est compris comme une inexistence de l’Algérie avant l’arrivée de la France. Des propos chocs qui ne peuvent être favorablement accueillies par Alger.
Quand on tient surtout compte de l’état fragile des relations Algérie-France, le président Macron aurait dû s’y prendre avec plus de tact et de délicatesse. « Je trouve que c’est la phrase de trop. Tout n’est pas né avec la colonisation. Il faut faire extrêmement attention à cela. Là, je pense en effet qu’il y a dérapage », a expliqué Jean-Pierre Mignard.
« Encore une fois, ce qui me semble déterminant, c’est qu’on ne peut pas historiquement dire que, avant la colonisation, il n’existait rien, parce que vous voyez ce que cela sous-entend. Cela sous-entend que la colonisation aurait été un facteur de civilisation, un facteur de constitution d’une nation qui, sans la colonisation, n’existerait pas », a rajouté l’avocat français.
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De l’électoralisme dans l’air
Pour d’autres analystes politiques, cette détérioration des relations Algérie-France serait intentionnelle. Tout porte à croire qu’Emmanuel Macron fait de la démagogie en ce moment contre l’Algérie, avec pour objectif conquérir un certain électorat à quelques mois de la présidentielle française. Le même avis est partagé par Abderrazak Makri, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP).
Il semblerait que pour décrocher un nouveau mandat, le président Macron soit prêt à se salir s’il le faut. « On sent bien qu’il y a un électorat qui peut toujours être concerné par cette question-là. C’est sans doute d’ailleurs la raison pour laquelle on hésite effectivement à faire le transfert des cendres de Gisèle Halimi au Panthéon. La plaie n’est pas refermée », a fait savoir Jean-Pierre Mignard.
Des conséquences fâcheuses
Suite aux évènements de ces derniers jours, le risque est grand que les relations Algérie-France s’enlisent davantage. Il se pourrait également que les gestes mémoriels communs à Paris et Alger prévus pour le 17 octobre prochain connaissent une annulation. Les opérations au Sahel de la France pourraient elles aussi, subir les conséquences de cette crise entre Alger et Paris. L’approvisionnement en flux tendu des troupes des dispositifs Barkhane et Takuba se verra aussi retardé. Une nouvelle contrainte à gérer par Paris.
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