Après l’éviction d’IBK, un groupe d’officiers supérieurs dirigent le Mali. A leur tête, un officier érudit avec un curriculum vitae (CV) impressionnant. Cet officier n’est tout autre que le Colonel Assimi Goita. Mais qui est-il réellement ?
Au Mali, certains éléments des forces armées ont procédé mardi à l’arrestation d’Ibrahim Boubacar Keita et son Premier Ministre Boubou Cissé. A l’origine, une mutinerie des militaires, principalement ceux du camp de Kati (ville-garnison, à 13 km de la capitale). Ces soldats qui dénoncent la corruption et la mauvaise gestion du pays, ont parachevé la lutte populaire enclenchée depuis près de 5 mois pour le départ du désormais ex-Président IBK.
Mardi, au moment de l’arrestation des personnalités politiques ainsi que des hauts gradés de l’armée (de 8 heures à 16 heures), on ignorait très peu le visage des commanditaires. Tout au moins, l’on savait qu’il s’agissait d’un groupe d’officiers venus de Kati, comme en 2012- lors de l’éviction d’Amani Toumani Touré (ATT).
Les premiers visages du coup d’Etat
De la nuit profonde jusqu’au crépuscule, après l’annonce de la démission « forcée » du Président IBK, les premiers visages ont commencé à se dévoiler.
Vers 3heures du matin, les caméramans de la télévision nationale malienne arrivent au camp de Kati, devenu QG des putschistes. Ceux-ci ont enregistré une vidéo dans laquelle ils égrènent leur motivation et leur vision pour le Mali. Bérets verts, marrons, violets… Ils étaient au moins 7 devant la caméra. En leur nom, parle un officier supérieur, béret violet sur la tête.
Il s’agit d’Ismaël WAGUE, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air. Il se présente comme le porte-parole des putschistes réunis au sein d’un comité baptisé « Comité National pour le Salut du Peuple » (CNSP). C’est le premier visage du coup d’Etat. Par contre, aucune information sur les autres officiers. On se demande alors, qui en est le cerveau ?
Assimi Goita, l’homme fort
Si IBK a pu être évincé avec tout son régime, c’est grâce à une opération coordonnée et synchronisée au sein des différentes unités et forces de l’armée malienne. Mais cette coordination porte un nom : Assimi Goita. Celui-ci s’est présenté jeudi à la presse : « Je me présente : Je suis Assimi Goita, le président du Comité nyational pour le Salut du Peuple », a-t-il déclaré.
Assimi Goita, ou asso pour ses proches, est un colonel réputé pour être droit et homme de terrain. Dans une biographie de trois pages fournie aux médias par le CNSP, il est décrit comme un homme rigoureux, tenace, adepte des défis et apte au commandement. « C’est un pro qui ne laisse rien passer », indique à RFI, un militaire français qui l’a côtoyé à plusieurs reprises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le sahel.
« Fils d’un officier de l’armée de terre, il suit les pas de son père et fréquente le prytanée militaire de Kati, le lycée de la Défense Nationale. Passé par l’école militaire de Koulikouro, spécialité armes blindées et cavalerie, il est ensuite affecté dans le Nord du Mali à partir de 2002 : Gao, Kidal, Menaka, Tassalit et Tombouctou, et lutte notamment contre les terroristes qui arrivent d’Algérie », selon le document.
En 2014, il rejoint les forces spéciales et l’année suivante, en 2015, c’est lui qui coordonne les opérations spéciales du Ministère de la Défense après l’attentat de l’hôtel Radisson Blue de Bamako.
En 2018, il est nommé à la tête des Forces spéciales maliennes et mène des opérations au Nord et centre du Mali, ainsi qu’au Darfour en opération extérieure, toujours selon le document distribué par le CNSP.
Le Colonel Assimi Goita a également suivi des formations à l’étranger, notamment en France, en Allemagne, aux USA ou encore au Gabon.