En Afrique et dans le monde ces deniers jours, l’évolution de la crise franco-malienne soulève bon nombre de questions. Aussi, certaines incohérences dans l’attitude de la France vis-à-vis de certains gouvernements de transition laissent planer des doutes quant à son réel positionnement. A quand un véritable changement dans ses rapports avec l’Afrique?
En fin de semaine dernière, la crise franco-malienne a débouché au final sur la décision de Paris de retirer ses troupes du Mali. Même son de cloche du côté des forces européennes présentes dans le pays. Conséquences, la sécurité du Mali contre les terroristes est désormais de la responsabilité des formes armées maliennes. Ces dernières peuvent compter sur le soutien des groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix de 2015. Toutefois la vaste étendue qu’est le Mali constitue une sérieuse difficulté pour les troupes.
Une mauvaise gestion de la crise franco-malienne
Pour l’ancien ministre béninois des Finances Komi Koutché, la crise franco-malienne actuelle n’est que la résultante d’une monotonie diplomatique. En ce sens que la France a manqué de prendre en compte les spécificités maliennes et s’est plutôt enlisée dans une défense acharnée de ses intérêts.
Alors au lieu de privilégier une négociation plus ouverte et constructive, elle a une fois encore choisi le bras de fer. « Je crois qu’il reviendrait à la France d’engager un dialogue constructif avec les autorités actuelles du Mali pour lutter contre le terrorisme, parce qu’on se rend compte que le président Emmanuel Macron se rapproche davantage d’un ordre incarné par les anciennes pratiques », a indiqué Komi Koutché.
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Des différences de traitement flagrantes
Komi Koutché, déplore par ailleurs, le fait que certains gouvernements de transition subissent une pléiade de pression que d’autres. Bien que ces pays aient les mêmes caractéristiques, ils ne sont pas traités de la même façon. D’un côté, certains jouissent d’une grande bienveillance et de l’autre côté, un acharnement prévaut.
Si cette démarche se perpétue il existe de grands risques que la crise franco-malienne prenne d’autres tournures. « Nous avons vu ailleurs des militaires au pouvoir qui sont pratiquement dans un schéma de mandat viager. Par exemple, au Tchad, le traitement n’a pas été le même. Pourquoi ne fait-on pas une analyse détachée en se disant quelle est la solution que les militaires maliens apportent et en quoi on peut les soutenir tout en leur demandant de rester dans un agenda raisonnable ? », s’intérroge le ministre béninois.
Autre exemple étonnant, c’est les troisièmes mandats, discrètement légitimés par la France. « Nous avons vu le traitement qui a été fait en Côte d’Ivoire. Nous avons vu le traitement qui a été fait en Guinée alors que c’est le même cas de figure… Mais la France a félicité le coup d’État civil de la Côte d’Ivoire et a désapprouvé celui de la Guinée. Il y a un problème de logique » déplore le ministre Komi Koutché.
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