Existe t-il des chances de reelection de Kabore ou assistera t-on à une alternance aux éléctions présidentielles prochaines au Burkina? Bientôt 5 ans après le scrutin du novembre 2015, le Burkina Faso organisera une nouvelle élection présidentielle en 2020. Les partis libéraux burkinabè, membre du réseau libéral africain, entrevoient déjà des chances d’une alternative.
Du côté du parti au pouvoir, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), le président Roch Kaboré est l’homme de la situation. C ‘est ainsi qu’au cours d’une interview que Bruno DIPAMA, militant du parti au pouvoir, a accordé, le vendredi 19 juin 2020 au journal LeFaso.net, il a soutenu qu’ « il n’y a pas l’ombre d’un doute que le candidat Roch Marc Christian Kaboré sera vainqueur de l’élection présidentielle au soir du 22 novembre ».
Dans cette configuration, les chances de reelection de Kabore dépendront avant tout de son bilan, mais aussi de son nouveau projet de société et des forces en présence.
Les chances de reelection de Kabore fondées sur un bon bilan
Même si le ministre Éric BOUGOUMA, dans une interview accordée au Quotidien Burkinabè d’information Sidwaya, le 31 décembre 2019 et publiée le 9 janvier 2020, soutient que : « Les chances du MPP sont meilleures qu’en 2015 ». Le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), Zéphirin DIABRE, déclarait en janvier 2020 que : « Les choses sont largement en faveur de l’Opposition ».
Les chances de reelection de Kabore dépendent avant tout de son bilan à la fin du premier mandat. Un bilan qui pourra s’apprécier différemment. Naturellement, le parti au pouvoir juge satisfaisant le bilan de son candidat. Ce bilan se manifeste par le maintien de la légitimité du président durant son mandat. Aujourd’hui, les partisans du MPP reconnaissent que tout n’est pas rose, mais les résultats du président Kaboré sont encourageants. Ces résultats ont été engrangés dans les domaines clés comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, l’agriculture et surtout les infrastructures routières.
Rappelons que l’insécurité liée aux attaques terroristes reste le point noir du règne de Kaboré. Pour ses partisans, l’insécurité n’est pas le fait du MPP. Dans cette ambiance de critiques et de justification, il faut dire qu’on ne peut pas se fonder uniquement sur ce bilan pour croire en une réélection. D’où la nécessité d’inscrire les nouveaux défis dans le nouveau projet de société.
La pertinence du nouveau projet de société
La reelection de Kaboré en cette année 2020 sera le fruit, dans la majeure partie, de la pertinence de son nouveau projet de société. Le régime en est déjà conscient et c’est aussi une chance. Dans cette optique, le président Roch Marc Christian Kaboré et son parti vont devoir convaincre une population dont les attentes demeurent inchangées depuis de nombreuses années.
Entre autres priorité, il faut noter la lutte efficace contre le terrorisme. Car selon Marwane Ben Ahmed, Directeur de publication de Jeune Afrique : « Depuis 2016, le pays est clairement devenu la cible privilégiée des terroristes. Et, évidemment, l’ordre des priorités de son mandat a radicalement changé. Mais, les attentes exprimées par les Burkinabè, lors de la révolution puis au cours de la transition, demeurent les mêmes et l’impatience grandit ».
On se rappelle de l’appel du 7 novembre 2019 du président Roch Marc Christian Kaboré reconnaissant que ces attaques sont des défis lancés au peuple burkinabè et c’est à chacun, dans son village et dans son secteur, de s’organiser pour faire en sorte que plus personne ne vienne impunément semer la mort et la désolation et s’en retourner comme si de rien n’était.
Etant donné qu’en politique aucune victoire n’est gagné d’avance, il urge de tenir compte des forces en présence plus particulièrement l’opposition et la société civile qui peuvent nuire aux chances de reelection de Kabore.
Les forces en présence : l’opposition et la société civile
L’opposition et la société civile représentent des forces non négligeables dans la politique d’un Etat. Particulièrement, l’histoire récente du Burkina démontre à suffisance la place de l’opposition et de la société civile dans le renversement du régime Compaoré. L’on a toujours à l’esprit le rôle du « balai citoyen », une organisation de la société civile qui a été la cheville ouvrière des manifestations anti Compaoré jusqu’à sa fuite.
Par ailleurs, les principaux partis d’opposition ne comptent pas se contenter d’un rôle de faire-valoir. En témoigne la logique d’une union de l’opposition pour gagner les élections surtout que la coalition des partis d’opposition compte gagner dès le premier tour.
L’union pour le Progrès et le Changement (l’UPC), L’Alliance pour la démocratie et la Fédération/Rassemblement démocratique africain (l’ADF- RDA), le Faso autrement affichent leur sérénité dans la préparation de ces futures échéances électorales qui pourraient être favorables à l’opposition.
En définitive, nonobstant le fait que le président sortant représente le Profil de président « normal » en raison des plus hautes responsabilités qu’il a longtemps assumé, les chances de reelection de Kabore sont à provoquer.