samedi, novembre 23 2024

En ce 1er juin 2023, le verdict est tombé dans l’affaire Ousmane Sonko/Adji Sarr qui secoue le Sénégal depuis des mois. Dans une salle d’audience empreinte de tension à la chambre criminelle de Dakar, l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à une peine de deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Son absence remarquée lors de son procès, tenu le 23 mai dernier et celui d’aujourd’hui, n’a pas empêché le tribunal de rendre sa décision.

Il faut le souligner, le parquet avait initialement requis 10 ans de réclusion criminelle pour viols contre Ousmane Sonko. Mais le leader du Pastef et figure de proue de l’opposition a finalement été reconnu coupable du délit de « corruption de la jeunesse ». Depuis le début de cette affaire en février 2021, Ousmane Sonko a maintenu sa position en dénonçant un complot visant à l’écarter de la présidentielle prévue en février 2024. Dans un contexte de sécurité renforcée dans la capitale sénégalaise, cette condamnation fait écho à une polarisation politique croissante et soulève des interrogations quant à la nature de ce prétendu complot.

Un complot contre Sonko ?

A Dakar, l’affaire Ousmane Sonko va bien au-delà d’une simple affaire judiciaire. Sa condamnation à deux ans de prison ferme ne fait qu’alimenter les soupçons de ses partisans, qui voient en cette décision judiciaire une manœuvre visant à le réduire au silence. Aussi, elle incarne d’une certaine manière les profondes divisions politiques qui traversent le pays et révèle des rivalités intenses entre les différents acteurs de la scène politique sénégalaise.

Car depuis l’éclaboussement de ce scandale, Sonko n’a jamais cessé de clamer son innocence et de dénoncer une machination voire une instrumentalisation de la justice contre sa personne. Alors cette condamnation vient ainsi nourrir les soupçons de ses partisans, convaincus que la justice a été instrumentalisée pour le réduire au silence et le disqualifier de la course à la présidence.

C’est ce que confirme d’ailleurs son avocat, maitre Bamba Cissé, à la sortie du tribunal. « Le juge a dit que Adji Sarr n’a pas été violée et que Ousmane Sonko ne l’a pas menacé de mort. Or, ce sont là les deux infractions pour lesquelles Ousmane Sonko avait été renvoyé par le doyen des juges. Pendant deux ans ou un peu plus, on nous a vendu un dossier de viols. Il y a eu beaucoup de pertes en vies humaines. La justice a fini par dire que tout ça devra accoucher d’une souris. Et ce que l’opinion doit retenir aujourd’hui, c’est que Ousmane Sonko n’a pas violé Adji Sarr. En conclusion, le fait que le viol ait été écarté montre bien qu’il s’agissait d’un complot.

« Si on considère que Ousmane Sonko n’a pas violé Adji Sarr. C’est qu’il y a eu une conspiration derrière cette affaire. Et je rappelle à l’opinion que la peine est une peine d’inéligibilité, pour nous de la défense. L’objectif était de salir un homme. Cet objectif n’a pas été réussi. L’autre objectif était de le rendre inéligible. Cet objectif a eu l’effet escompté parce que, aujourd’hui, avec cette peine-là et en l’état actuel des choses, Ousmane Sonko ne peut pas être candidat à la compétition électorale de 2024. En matière de coutumace, il n’est pas possible de faire appel. Mais sur le plan technique, on avisera », a fait savoir l’avocat.

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Une justice partielle pour Adji Sarr

La décision finale du tribunal de condamner Sonko à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse a suscité des réactions passionnées des deux côtés du spectre politique. Pour les partisans de Sonko, cette condamnation a renforcé leur conviction envers l’existence d’un complot visant à éliminer leur leader politique. Cette condamnation est perçue comme une injustice flagrante et une manœuvre politique visant à éliminer un concurrent potentiel pour l’élection présidentielle à venir. Ils dénoncent aussi un système judiciaire partial et instrumentalisé par le pouvoir en place, arguant que les preuves contre Sonko étaient insuffisantes et que le verdict était prévisible.

En revanche, les partisans du gouvernement ont salué la décision du tribunal comme une victoire de la justice et une étape cruciale dans la lutte contre la corruption. Les pros gouvernement saluent surtout cette condamnation comme une victoire pour la justice et un message fort contre la corruption. Ils soulignent que la décision du tribunal est le résultat d’un processus judiciaire équitable et que personne n’est au-dessus de la loi, y compris les personnalités politiques influentes.

« Nous aurions voulu la condamnation de Monsieur Sonko à un minimum de 10 ans ferme. Le viol n’a pas été retenu. La corruption de la jeunesse a été retenue. C’est tout comme. Parce que quand on abuse de la jeunesse d’une fille pour coucher avec elle, c’est presque un viol. Si on fait étalage de sa puissance devant une jeune fille pour pouvoir accéder à ses parties intimes, c’est comme un viol. La victoire, c’est qu’on n’a pas nié l’existence du contact sexuel. Nous avons au moins une victoire sur une personne qui a toujours menacé les juges, qui a menacé la société, qui a menacé l’État et qui n’a même pas respecté la chambre criminelle en refusant de se présenter », a indiqué maitre El Hadj Diouf, avocat d’Adji Sarr.

Lire Aussi : SONKO EN MARCHE SUR DAKAR : « NOUS NE LAISSERONS PERSONNE TROUBLER LA QUIÉTUDE DES SÉNÉGALAIS », AVERTIT LE CAMP MACKY SALL

Un pays bientôt en ébullition ?

Pour le moment, les partisans de Sonko ont exprimé leur indignation à travers des manifestations et des rassemblements dans tout le pays. Les rues de Dakar ont été le théâtre de manifestations animées, où des affrontements ont parfois éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants. La situation sécuritaire tendue a conduit à un déploiement massif des forces de sécurité pour maintenir l’ordre et prévenir d’éventuelles violences.

L’affaire Ousmane Sonko/Adji Sarr a creusé davantage les divisions politiques et a accentué les clivages au sein de la société sénégalaise. Ceci du fait que les sympathisants de Sonko voient en lui un héros persécuté, tandis que ses détracteurs le considèrent comme un manipulateur politique cherchant à échapper aux conséquences de ses actes.

Dans un contexte où le Sénégal se prépare pour les élections présidentielles de 2024, cette condamnation risque de diviser davantage la scène politique et de provoquer des remous dans le pays. Les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir politique du Sénégal, avec des enjeux élevés et des débats animés autour de la décision judiciaire et de ses implications sur le paysage politique sénégalais. En somme, la condamnation controversée d’Ousmane Sonko laisse présager au Sénégal, une atmosphère politique tendue et des temps agités.

 

Tony A.

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