Transition au Mali : la junte et le M5-RFP ont aplani leurs divergences, le collège en réunion ce lundi
Au Mali, la junte et le M5 RFP ont encore jusqu’à demain pour remettre le pouvoir aux civils. C’est si elle veut obtenir la levée des sanctions imposées par la CEDEAO. En effet, l’organisation sous-régionale a donné, mardi passé à Accra, une semaine aux militaires pour transmettre le pouvoir aux civils. Et ce, contre la levée de toutes les sanctions. Ce lundi au Mali, il y aura la réunion du collège qui nommera un président de transition.
Pour s’exécuter, la junte est en train de mettre en place un collège. Ce fameux comité devra désigner un président, un vice-président et un Premier ministre. Ce sont là les organes qui vont conduire cette transition. Mais pour y arriver, le Colonel Assimi Goita et ses camarades savent bien qu’ils ont besoin de la coalition entre la junte et le M5 RFP. C’est le principal mouvement contestataire qui a balisé la voie à l’éviction d’IBK.
Dans ce sens, une rencontre s’est ténue vendredi entre les deux entités. Une autre samedi, toujours au camp militaire de Kati, fief de la junte. Ces rencontres font suite aux récentes dissensions entre le CNSP et le M5-RFP. A l’origine, la charte « charcutée » et brandit par la junte comme résultats des consultations nationales. Le M5, qui a rejeté cette charte, a menacé de redescende dans la rue. En tout, cette coalition, dont est membre l’Imam Dicko, exige une remise immédiate du pouvoir aux civils. Une vision qui semblait être mise à mal par le désir du CNSP de rester aux commandes des affaires.
La junte et le M5 RFP, vers une piste de solution
La coalition entre la junte et le M5 RFP a participé aux consultations qui ont abouti à l’élaboration d’une charte pour la transition. Sauf que la coalition a dénoncé un charcutage du rapport final. Le mouvement faisait observer que le document final exposé par la junte était contraire aux résultats des travaux effectués dans les groupes. Des dissensions sont ainsi nées, faisant craindre des risques de nouvelles perturbations sociales. A leur retour du mini-sommet d’Accra, les militaires maliens semblent avoir compris leur incapacité de se maintenir au pouvoir.
Pour éviter une nouvelle crise dans le pays, et éviter que la situation ne s’envenime, ils optent pour de nouvelles négociations. Sur ce registre, une rencontre s’est déroulée ce samedi avec la coalition de la junte et le M5 RFP, qui réunit partis, société civile, syndicats etc. « Dans le but de la future désignation des présidents des organes de la transition, nous consultons. Notre interlocuteur reconnait que le M5 ayant joué un rôle prépondérant pour faire partir IBK du pouvoir, il faut l’écouter attentivement », explique un responsable du M5.
La junte et le M5 RFP, un conflit de leadership
Les militaires au pouvoir affirment que la tendance générale est plutôt favorable à une transition dirigée par un militaire. C’est-à-dire un membre du CNSP, et plus précisément le Colonel Assimi Goita. En clair, la junte estime qu’elle est légitime pour diriger la transition, car ayant la population malienne derrière elle. Or, pour le M5-RFP, le peuple est plutôt derrière les meneurs de la contestation qui a fait chuter IBK. Explicitement, le M5 revendique la popularité. La coalition soutient qu’elle est la seule force populaire au Mali. Et comme telle, elle est à même de décider sur la transition.
On se souvient, dès le premier jour de l’opération qui a conduit au départ de IBK, le M5 prévenait : « les militaires ont parachevé la lutte (…) c’est la victoire du peuple et non des militaires. Nous ne laisserons pas voler cette victoire ». Une façon de dire que la coalition devrait jouer un rôle primordial dans cette transition. Mais, il semble que les militaires aient compris et sont décidés à donner à César ce qui est à César.
Réunion du collège qui nommera un président de transition au Mali
Ce collège a été institué par la junte militaire au pouvoir depuis le putsch du 18 août. Il doit ramener les civils à la tête du pays. Ainsi, il est chargé de nommer le président qui dirigera le Mali au cours des prochains mois après le putsch du 18 août. Selon un responsable d’une des organisations associées aux concertations, le collège doit se réunir ce lundi.
Ce collège se réunira à un moment où la junte est sous la pression de la Communauté des États ouest-africains (Cédéao). Il doit désigner rapidement le président et le premier ministre qui conduiront les affaires pendant la période de transition de plusieurs mois censée ramener les civils à la tête du pays. La Cédéao insiste pour que ce soient des civils. Les nouveaux maîtres de Bamako voudraient que le président soit un militaire. La Cédéao a imposé des sanctions au Mali.
Ces sanctions seront levées, dit-elle, aussitôt que des dirigeants de transition civils auront été choisis. Le médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, est attendu mercredi au Mali. On ignore si le collège notamment la junte et le M5 RFP choisira un président de transition ce lundi, veille du soixantième anniversaire de l’indépendance du Mali.
Le collège devrait comprendre cinq représentants de la junte, deux du Mouvement du 5-Juin, deux religieux et deux membres de la société civile, selon une source au sein du processus pour sa mise en place.