Le 15 septembre 2024 marque une nouvelle ère pour le Nigeria, avec la sortie des premiers camions-citernes chargés d’essence en provenance de la raffinerie Dangote, la plus grande du pays. Après huit ans de travaux et de négociations, cet approvisionnement est un tournant pour le premier producteur de pétrole d’Afrique, qui peut enfin transformer son propre brut en essence destinée à sa consommation interne.
En partenariat avec la société pétrolière nationale NNPC, la raffinerie Dangote inaugure un processus qui pourrait non seulement mettre fin aux importations massives de carburant, mais aussi propulser le Nigeria sur la voie de l’industrialisation, un objectif national de longue date.
Un partenariat stratégique et prometteur avec la raffinerie Dangote
L’accord entre la raffinerie Dangote et la Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC) prévoit que cette dernière fournisse 385 000 barils de pétrole brut par jour à la raffinerie, qui, en contrepartie, fera de la NNPC son distributeur exclusif d’essence. La capacité totale de production de la raffinerie Dangote devrait atteindre 650 000 barils de pétrole par jour, une fois qu’elle fonctionnera à plein régime. Cela permettra d’approvisionner l’ensemble des stations essence du pays, réduisant ainsi la dépendance aux importations qui ont longtemps pesé sur l’économie nigériane.
Cette nouvelle capacité de raffinage est particulièrement cruciale, car les raffineries publiques du Nigeria, situées à Warri, Port Harcourt et Kaduna, sont à l’arrêt depuis des années. Le Nigeria, malgré ses immenses ressources pétrolières, a donc dû importer la majorité de son essence, rendant le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux du carburant et aux pénuries chroniques. Lors de la cérémonie de lancement, le ministre des Finances, Wale Edun, a salué cet événement comme « un jalon historique » dans la marche vers l’industrialisation du pays.
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Un avenir incertain : hausse des prix et tensions
Cependant, cette avancée est ternie par des tensions autour du prix de l’essence. Bien que la raffinerie Dangote ait été initialement présentée comme un moyen de maintenir les prix bas à la pompe et de résoudre les pénuries, la NNPC a annoncé une augmentation prévue de 11 % du prix de l’essence. Cette annonce, perçue comme une pression pour influencer la tarification de Dangote, a rapidement provoqué des frictions entre les deux partenaires.
En réponse, la raffinerie Dangote a exhorté les Nigérians à « ne pas prêter attention à cette déclaration malveillante » et à attendre une annonce officielle concernant les prix. Ces bisbilles entre la NNPC et Dangote suscitent déjà des inquiétudes chez les consommateurs, qui espèrent que cette avancée majeure n’engendrera pas une flambée des prix à la pompe, mais plutôt une amélioration durable de l’approvisionnement.
Alors que les Nigérians attendent avec impatience la mise en vente de l’essence issue de la raffinerie Dangote, prévue pour début octobre, l’avenir du secteur pétrolier reste incertain. Si ce projet ambitieux peut renforcer l’autonomie énergétique du Nigeria et stimuler son développement économique, les défis liés à la fixation des prix du carburant pourraient bien déterminer l’accueil que les consommateurs réserveront à cette nouvelle phase de production nationale.
Sandrine A.